Issiaga Sylla, éloge de la longévité
Ça y est. Presque onze ans après son arrivée au TFC, Issiaga Sylla a définitivement quitté le club, emportant avec lui les dernières survivances de l'ère Sadran. Commençons par dire les choses telles qu'elles sont, sans inventer a posteriori une grande et éclatante histoire d'amour entre le Guinéen et le TFC : il n'en aura pas connu les heures les plus heureuses, et sa réputation y fut longtemps celle d'un joueur faible techniquement, sorte de symbole de l'affaiblissement progressif de l'effectif toulousain au fil des saisons.
Que reste-t-il de ces clichés aujourd'hui ? Plus grand-chose, et pour cause : acteur de premier plan de la montée l'an dernier puis auteur d'une très bonne première moitié de saison en Ligue 1, il aura largement pris sa part dans le renouveau du club. En fait, sans être souvent brillant, Issiaga n'a jamais vraiment déçu à Toulouse, et il aurait fallu le prendre comme le joueur qu'il est : frustrant, oui, mais fiable défensivement, très endurant, et dont le pied gauche n'est pas aussi carré qu'on l'a parfois entendu.
Ni ses prêts au Gazélec Ajaccio en 2015 et à Lens en 2020, ni ses concurrents successifs au poste de latéral gauche n'auront vraiment altéré son statut au club. Les changements d'entraîneur non plus, et il y aurait pourtant eu de quoi le décourager. On pense notamment au choix délirant de Pascal Dupraz d'en faire son ailier gauche en 2016-2017, ou à celui d'Alain Casanova deux ans plus tard de lui préférer François Moubandje, alors même qu'il avait été le premier à croire en lui à son arrivée en France.
En dépit de tout ça, on n'aura jamais vraiment douté de son attachement au club, et on repense à sa joie immense lors de la montée acquise contre Niort au Stadium en avril 2022, et puis à cette longue étreinte avec Damien Comolli en bord de terrain ce soir-là. Une soirée qui marquera l'apogée, certes tardive, de sa longue carrière toulousaine. Le football post-arrêt Bosman ne permet plus à un club comme le nôtre de conserver bien longtemps des Pitchouns comme Amine Adli ou Manu Koné. Mais on y trouve encore des anomalies comme celle d'Issiaga Sylla, resté pendant 3 801 jours sous contrat avec le TFC. Entre les deux parties, il n'y aura peut-être pas eu de romance, mais il restera parmi les supporters toulousains beaucoup de tendresse pour l'homme et le joueur et, finalement, de superbes souvenirs en guise de conclusion.
Emmanuel Davila