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TFC - Reims : le groupe rémois
"On essaye de se définir comme un club différent" : plongez au cœur des projets de Damien Comolli

Le Toulouse FC semble avoir trouvé son rythme de croisière et continue de faire vibrer les travées du Stadium, pour le plus grand plaisir des supporters et de Damien Comolli. Entre deux rencontres, le président toulousain a d’ailleurs participé à l’excellent podcast « House of Champions » pour livrer son analyse sur différents sujets. Ligue 1, mercato, data : plongée au cœur des secrets du TFC édition 2022/23.

Les Violets peuvent souffler, du moins pour le moment. Suite à la claque reçue au Vélodrome (1-6), l’effectif toulousain a su se remobiliser pour aujourd’hui se stabiliser dans le ventre mou de la L1. Alors que les deux autres promus Auxerre et Ajaccio sont en difficulté en bas de tableau, le TFC figure en bien meilleure posture pour décrocher son maintien. Cette situation ravit logiquement Damien Comolli, qui s’est arrêté pour répondre aux questions de Jonathan Johnson, il y a peu. Morceaux choisis.

Quel est son jugement sur cette saison 2022/23 ?

Juste avant d’affronter Rennes à domicile, les Toulousains pointent à une 12ème place qui semble justifiée : 6ème attaque (36 buts marqués) et 14ème défense (38 buts concédés) du championnat, ils comptent un total de 29 points à leur actif. Pour le natif de Béziers, le premier bilan reste logiquement positif, malgré quelques nuances. « Il y a beaucoup de bonnes choses et d’autres plus frustrantes. Ce qui est positif, c’est notre classement actuel, mais aussi notre style de jeu. Je pense que nous sommes en train d’être identifiés dans le football européen et probablement au-delà, parce que l’on tente de recruter des joueurs d’Amérique du Sud ou des États-Unis, par exemple. Les gens nous disent qu’ils aiment notre manière de jouer, c’est vraiment positif. Concernant les deux aspects négatifs de notre saison, et je ne sais même pas si « négatif » est le bon mot, c’est que nous n’avons pas encore été en mesure de faire un résultat contre un « top club » (un seul point pris à Lyon, lors du 1-1 au Groupama Stadium, NDLR). Nous devons faire mieux, ce sera un objectif pour la seconde partie de saison. Le deuxième point un petit peu frustrant, c’est le fait que nous ayons perdu des points à la maison, surtout lors des matchs où nous menions : Lorient, Nice, Strasbourg, Brest. Je ne sais pas si nous aurions pu gagner toutes ces parties, mais si nous en avions gagné deux ou trois, nous serions à une meilleure position. On voit le verre à moitié plein, on a encore du travail pour progresser, et c’est excitant pour la suite ».

Entre les rencontres de ligue et les matchs de Coupe de France, le TFC est actuellement au cœur d’un marathon de longue haleine. Cependant, cette accumulation physique plaît à l’ancien d’Arsenal, Liverpool et Tottenham : « Nous jouons tous les trois jours en ce moment, ce qui est bien : c’est la posture que nous voulons avoir, pour être compétitif et jouer le maximum de matchs ».

Un mois de janvier 2023 stratosphérique

Après un léger passage à vide juste avant la Coupe du Monde au Qatar, la formation occitane a ensuite enchaîné avec une cinglante défaite en terres phocéennes. Pourtant, un sursaut d’orgueil général a réussi à parcourir les troupes violettes, qui ont commencé la nouvelle année sur une nouvelle dynamique. Pendant ces quatre semaines, personne ne leur a résisté, hormis le Stade Brestois. « Avant la trêve de la Coupe du Monde, nous avons eu des rendez-vous difficiles (…). Au retour, Marseille nous a battus. Pour revenir, nous avons seulement eu 66 heures de récupération entre les deux rencontres de Ligue 1 (…). Contre Ajaccio, nous avons produit la meilleure performance de notre saison le 1er janvier 2023, soit au vrai début de l’année. Revenir d’une défaite à Marseille et gagner 13 points sur 15 possibles en janvier, c’était excellent pour nous. Idéalement, nous aurions pu faire un 15/15 en battant Brest, mais nous sommes satisfaits de notre classement », admet-il.

Départs et arrivées, un mercato hivernal très animé

Durant la fenêtre du mercato, les équipes toulousaines ont décidé de se montrer hyperactives afin de renforcer un effectif affaibli. En effet, face aux nombreux pépins physiques (Genreau, Tsingaras, Desler, Healey) et à la pénurie de remplaçants de qualité, le TFC a fait parler de lui. Quatre recrues ont donc rejoint la Ville Rose, tandis qu’Issiaga Sylla, Isak Pettersson et d’autres prêtés ont fait le chemin inverse. « On est content de ce que nous avons fait. Nous avons dû faire face à des longues blessures, et notre latéral gauche nous a demandé de quitter le club pour raisons personnelles, on a réglé ça. Face à la crise de blessures, nous avons signé Warren Kamanzi, Gabriel Suazo et Vincent Sierro », explique celui qui s’est plutôt attardé sur l’arrivée de Hamulic, le buteur bosniaco-néerlandais. « On a recherché des attaquants, car nous voyons le marché des attaquants comme un marché d’opportunités. Nous sommes encore un petit club dans une grande ville, nous essayons de grandir, mais nous restons en bas de la chaîne alimentaire : quand les plus gros se sont servis, nous regardons ensuite les possibilités restantes. Les bons attaquants sont rares et très chers, nous avons cherché une opportunité capable de nous aider cette saison et d’être un joueur régulier dans le futur. C’est pour cela que nous avons signé Said Hamulic : nous avons détecté en lui un vrai potentiel en termes de physique, de finition et d’agilité. On se prépare pour le futur tout en résolvant nos soucis du moment. On a aussi prêté des joueurs, dans lesquels nous croyons pour le futur, qui avaient besoin de temps de jeu pour leur développement (…). On a réalisé le meilleur mix possible selon notre approche ».

Une data toujours aussi omniprésente

On le sait, Damien Comolli et l’empire sportif de Red Bird laissent une grande place à la data dans le fonctionnement du TFC. Ce système de données complexes reste sans surprise le fil directeur du club depuis la remontée en Ligue 1. « Nous sommes presque exclusivement dirigés par la data dans nos processus, que ce soit dans le recrutement d’un joueur ou d’un coach, l’analyse des adversaires ou de notre propre équipe, le prolongement d’un contrat, la vente d’un joueur. Red Bird Capital Partners a racheté Zelus Analytics, une société basée aux Etats-Unis qui travaille dans les sports américains. On est chanceux d’avoir accès à leurs services à travers le réseau « Red Bird FC ». Nous utilisons les connaissances des personnes de Zelus en plus de la base data, la plupart du temps pour le recrutement : on essaye de trouver des failles dans le marché. Avoir un joueur comme Gabriel Suazo n’aurait pas été imaginable sans la data, et c’est la même chose pour la quasi-totalité des transferts que nous avons réalisé depuis que nous avons racheté le club, il y a trois ans. C’est pour cela que l’on « surperforme » par rapport aux attentes et à la masse salariale (…). Cela nous a permis de travailler différemment, d’avoir une approche très innovante mais aussi très disciplinée », reconnaît le président.

La métamorphose depuis l’arrivée de Red Bird

L’époque où le TFC avait du mal à fidéliser son public semble bien lointaine : aujourd’hui, Toulouse a retrouvé sa fierté, son ambition et un Virage Brice Taton plus incandescent que jamais. « Quand j’ai rejoint le club, la première chose à faire était de reconnecter le club de foot à sa communauté : il y avait clairement une fracture dans la communication avec les fans. Le violet a une très forte place dans l’identité de notre club et de notre ville (…). Nous avons presque triplé nos revenus en l’espace de trois ans : nous sommes passés de 7000 à 23 000-24 000 spectateurs par match, et de 3000 – 4000 à 13 500 abonnés (dont 18% de femmes au lieu de 5% auparavant, NDLR). Nous sommes fiers d’avoir réussi à remplir de nouveau le Stadium et d’avoir redéveloppé la relation entre les supporters et le club », avoue l’ex de l’ASSE et de Fernerbahçe.

Pour exister dans le gigantesque monde du football, le TFC suit un seul mantra : celui de l’innovation. Dans l’Hexagone, les Haut-garonnais s’affichent déjà comme un club novateur sur le recrutement au féminin avec Julia Arpizou, pionnière de son genre dans un domaine très masculin. « On a tellement d’ambition pour le TFC d’ici trois à quatre ans, on continue de regarder vers l’avant et d’essayer de se définir comme un club différent. Nous avons la première femme travaillant dans une cellule de recrutement en France : elle n’a pas eu son poste parce que c’est une femme, elle est juste très forte dans ce qu’elle fait, car elle connaît le football. Elle a le potentiel pour devenir une meneuse de demain dans ce club. Toute notre approche est semblable : comment pouvons-nous développer notre staff ? Comment pouvons-nous être innovants ? Comment pouvons trouver un avantage sur la compétition ? Si nous faisons les mêmes choses que les autres clubs, avec moins de ressources, nous fonçons droit dans le mur (…). Pour résumer notre vision, on essaye de constamment trouver un avantage compétitif dans tout ce que nous réalisons ».

Quoiqu’en soit, le TFC profite de sa renaissance et possède les armes assurer son maintien le plus rapidement possible. Damien Comolli peut donc conclure sur une touche méliorative : « Nous avons réussi à ramener le TFC à la place où il mérite d’être : en Ligue 1. On prouve chaque week-end que l’équipe appartient pour de bon à ce championnat. Nous continuons d’être ambitieux et de pratiquer notre style de jeu offensif, car nous ne souhaitons avoir aucun regret à l’issue de chaque partie ».