Aucune victoire sur les cinq derniers matchs en Ligue 2, voici les chiffres à retenir des Annéciens
©mj_photographieeEdito : Aux larmes, Toulousains

Voir Naples, et mourir : ça, c’est pour l’expression. Toulouse a déjà vu Naples, et a parfois cru mourir, ensuite, tant les années ont pu être éprouvantes, par instants. Mais depuis Naples, justement : avons-nous besoin de deux mains pour compter les faits d’armes du TFC ? Assurément, non. Alors, c’est décidé, ce soir, on va dire stop. Stop aux désillusions. Stop aux espoirs déchus. Stop, aussi, aux buts déchirants de Brandao ou Eduardo qui repassent en boucle dans nos têtes à l’approche de cette demi-finale. C’est terminé. Voir le Stade de France, et mourir : voilà, ça, c’est l’expression que l’on inventera ce soir.

Crier victoire trop vite parce que le TFC rencontre une formation qui lutte pour sa survie en Ligue 2, ça ne serait pas vraiment connaître le TFC. Supporter Toulouse est réservé à une caste très restreinte, presque une élite, capable d’endurer les pires désillusions, insoupçonnées, et de revenir chaque année au même endroit en se disant : et pourquoi pas nous, finalement ? Ce soir, à Annecy, le destin a choisi 21 joueurs qui auront pour mission de répondre à cette interrogation. Pourquoi Kjetil plutôt que Cédric ? Pourquoi Rasmus plutôt que Mauro ? Pourquoi Branco plutôt que Pantxi ? Pourquoi Thijs plutôt qu’André-Pierre ? On n’en sait rien, mais l’attente autour d’eux est immense. Cette quête devenue mystique d’un succès national avec le TFC - en mettant de côté la grandiose année en Ligue 2 l’an passé, mais d’un niveau sportif inférieur - hante l’esprit de tous les amoureux au cœur violet.

Alors, certains diront que le match le plus important n’est pas aujourd’hui. Qu’il se jouera le 29 avril, jour de la finale, quand d’autres diront que le seul objectif est le maintien. Tout s’entend. Chacun vivra cette demi-finale avec ses propres émotions, dictées par son histoire personnelle avec le club, et sa sensibilité. Mais nous, ici, on prend le parti qu’aller à Saint-Denis sera déjà la marque d’une année inoubliable. On veut y aller avec nos sœurs et nos frères violets, avec notre famille, avec nos parents, avec nos grands-parents ou bien même entrer dans ce putain de stade et avoir une pensée pour tous ceux qui ne sont plus là et avec qui on aurait rêvé “d”aller au Stade de France”. On parlera plus tard de gagner la Coupe : qu’on la soulève ou pas, rien ne changera. On n’aime pas un club parce qu’il gagne, on l’aime tout court, sans explications ni rationnel. Mais on se sera créé des souvenirs à vie, et on pourra dire : j’y ai été.

Ils y auront été, aussi : les supporters toulousains qui feront le déplacement en Haute-Savoie, un soir de semaine. Les scènes de joie l’ont montré l’an passé : aux joueurs, Toulouse saura vous fêter si vous répondez présents. On aurait tant aimé voir un Stadium pousser, chavirer, exulter. Le hasard en a décidé autrement : mais puisqu’il est censé bien faire les choses, il a quand même choisi un stade qui a été le théâtre d’une immense déception en 2021 (défaite contre Rumilly-Vallières en ¼ en 2021), et dans le département de naissance d’un certain Pascal Dupraz, acteur majeur de l’un des plus grands exploits de ces dix dernières années. On croit aux clins d'œil ou pas, mais c’est un peu l’ADN montagnes russes du TFC qu’on retrouvera sur la pelouse ce soir.

Alors oui, c’est plus dur en championnat, en ce moment ? Qu’importe, on joue la Coupe et rien d’autre ne compte. Branco van den Boomen est moins étincelant ? Le Batave doit partir en légende absolue du club, et poursuivra sa quête ce soir, sans penser à son futur et ses inquiétudes. Cette compétition est le point final d’un groupe qui aura enchanté le club depuis trois saisons désormais, et qui restera dans les mémoires. A l’issue du mois de juin, ils seront nombreux à partir vers d’autres cieux : mais il y a trop d’amour véritable entre eux, et trop de reconnaissance envers nous, supporters, pour s’en aller sans chercher une finale pour l'éternité.

On s’imagine déjà passer les portiques de l’enceinte dyonisienne, avec un maillot violet et le sentiment que ce sont nos couleurs qui vont y être défendues. L’ours n’est pas tué, bien sûr, mais avouons qu’il est difficile de ne pas avoir dans sa tête, ne serait-ce que quelques secondes, déjà vendu sa peau. La réalité nous rattrape vite : les finales, ça n'est pas pour nous. Pour le moment, oui, ça n’arrive qu’ailleurs. Mettons tout en œuvre, ce soir, pour que l’enfer soit réservé aux autres, et que le paradis soit à nous. Des larmes couleront, là n’est pas la question : faites-en sorte qu’elles aient le goût du Stade de France. Les autres, on ne veut plus les connaître.

Arthur Stroebele