ESTAC 0-3 TFC : Trois ans plus tard, on a gagné un match de Ligue 1, et j’y étais pour vous
Dans un stade de l'Aube qui sonnait creux, les Toulousains ont nettement dominé leurs adversaires troyens et confirmé leur bonne forme en ce début de saison.
Paris, 10h30, dimanche matin. Les membres de la rédaction ont déclaré forfait les uns après les autres pour ce déplacement à Troyes. Certes pas le plus excitant de la saison, mais le premier en Ligue 1 depuis près de trois ans. Je me décide à partir pour l’Aube en train, faute de covoiturage. Après que j’ai allègrement fraudé un TER beaucoup trop cher, les rues troyennes et leurs colombages se présentent à moi. Pas sûr d’avoir déjà vu une ville aussi déserte…
Il faut une bonne demi-heure de marche depuis la gare avant d’apercevoir le champêtre stade de l’Aube. À 40 minutes du coup d’envoi, quelques maillots troyens timidement arborés commencent enfin à se faire voir aux abords de l’enceinte. Il n’y a pas foule. On passe les portiques à une vitesse record et on distingue plusieurs maillots violets venus garnir un parcage plutôt bien rempli. 14h30. Sur le terrain, Haug chauffe les gants de Dupé devant les cages où Steven Moreira avait commis un raté devenu légendaire, deux ans plus tôt.
La rencontre démarre sur un petit rythme, pas vraiment aidée par ces travées clairsemées et pas franchement bruyantes. D’après mes potes assis devant leur télé, on n’entend que les Indians, tandis que sur le terrain, notre milieu flamand a décidé de confisquer le ballon ; on est vraiment dans la droite lignée des matchs de la saison dernière. Et comme en Ligue 2, l’équipe finit par ouvrir le score, même sans briller, sur une belle inspiration de Ratao puis d’Aboukhlal. Malgré sa supériorité technique, le Tef se fait peur sur deux ou trois contres pas loin de finir en penalty. "Ils en font des fautes, eux", peste mon voisin troyen. L’arbitre semble acquiescer et siffle à chaque contact.
La mi-temps est sifflée, on sent à la fois l’équipe nettement supérieure et pas vraiment souveraine. Le début de seconde période lève tous les doutes. Sur une superbe récupération de Spierings, Aboukhlal sert tranquillement Ratao pour le 2-0, qui concrétise notre temps fort et vient punir le plan de jeu peureux et restrictif de Bruno Irles. Le stade de l’Aube ne s’y trompe pas : autour de moi, quelques supporters quittent déjà les tribunes, avant même l’heure de jeu. Ceux qui restent sortent un peu de leur torpeur. Le parcage toulousain jubile. En face, le kop troyen appelle son coach à la démission et enchaîne les slogans sarcastiques. On croirait voir les supporters toulousains deux ans et demi plus tôt. Cette fois, c’est nous qui tenons le rôle du bourreau.
Sans ressort, les Troyens ne ripostent pas et subissent même la loi des entrants toulousains, bien plus convaincants que le weekend dernier. Rhys cloue le spectacle d’un dribble et d’une frappe du gauche superbes qui éteignent définitivement le public aubois. À côté de moi, un supporter historique assure même qu’il songe à rendre sa carte d’abonné. Au coup de sifflet final, les joueurs viennent comme à leur habitude célébrer leur victoire devant un parcage comblé. Spierings et Sylla se prennent dans les bras, Dallinga et Bibiche s’amusent de la danse d’un Indians. Les quelques fidèles de l’ESTAC qui restent dans les gradins s’approchent des rambardes et observent la communion entre les joueurs du TFC, Damien Comolli et le parcage. En 2022, ce sont les supporters toulousains qui font des envieux. On a encore du mal à s’y faire, mais on savoure !