« La ferveur retrouvée ! » : portrait de Matthieu, supporter et ancien membre des JCS
Depuis sa renaissance, le TFC est en train de progressivement réaliser un tour de force : celui de susciter l’intérêt des jeunes Toulousains pour le club de leur ville. Après plusieurs années au purgatoire, nombreux sont celles et ceux qui prennent plaisir à s’arracher les cordes vocales pour pousser les Violets. Pour d’autres, comme Matthieu, il s’agit tout simplement d’un plaisir retrouvé. Il savoure désormais le retour au premier plan de son équipe à travers notre portrait du jour.
Vous le savez, la rédaction du site LesViolets.Com aime donner la parole aux supporters qui composent la communauté violette. Ancien participant des Jeunes Citoyens Supporters, Matthieu symbolise malgré lui toute une génération de jeunes fans qui, malgré leur investissement, ont fini par céder. Dégoûté par un TFC alors sans identité, notre invité de 18 ans a fui pendant quelques années les travées du Stadium, lassé et lessivé, avant d’assister au titre en Ligue 2. Aujourd’hui, il a enfin retrouvé la flamme qui l’animait pour, de nouveau, brandir son écharpe avec fierté.
Comment as-tu découvert le TFC ?
J’ai suivi mon père et mon papy qui m’emmenaient au stade, quand j’étais tout petit. Mon papy était abonné, et il m’a fait baigner dedans : je me souviens des écharpes et des drapeaux quand j’allais chez lui. Il est resté abonné trente ans à la même place, en Honneur Sud. C’est lui qui m’amené à mon premier match, après, j’ai continué avec mon père. Voilà comment j’ai découvert le Toulouse FC.
Il paraît que tu étais très investi pendant ta jeunesse, raconte-nous !
J’ai commencé en primaire, pendant la pause du midi, à participer aux Jeunes Citoyens Supporters. Il y avait un partenariat entre les écoles et le TFC, et l’objectif était d’éduquer les supporters de demain. Cela se divisait en deux parties : une où l’on allait voir les matchs, une autre où l’on faisait des actions de sensibilisation sur différents thèmes, comme le fair-play et les valeurs du sport. Cela a surtout pris une autre importance au collège, avec les animateurs du service jeunesse de la Boit’J de Cugnaux, qui ont fait perdurer le projet. Vu que je faisais partie des plus « anciens », il y avait une orientation plus axée vers le journalisme, pour pouvoir nous pousser à autre chose. On continuait à voir des matchs tout en poursuivant le projet en parallèle : j’ai pu par exemple rencontrer Adrien Regattin, Issiaga Sylla, François Moubandjé, ou Yaya Sanogo. Je les voyais jouer depuis trois-quatre ans, alors le fait de parler avec eux et recevoir leurs autographes, c’était super intéressant. Ensuite, j’ai également pu visiter le stade et l’ensemble des coulisses : la salle de conférence, les vestiaires, les loges, le bord-terrain et les sièges des remplaçants, c’était quand même un super moment ! La dernière année, nous avons atteint l’aboutissement du projet : commenter un TFC-Lille en tribune de presse (le 21/04/2019, score final de 0-0), c’était juste incroyable. Au final, cela nous a permis de vibrer et de vivre des expériences que nous n’aurions jamais pu vivre en tant que simples supporters. J’avais vraiment envie de m’engager pour le TFC à ce moment-là, j’allais très régulièrement au Stadium malgré les performances. Je me souviens encore du match des 80 ans contre l’OM.
NDLR : Le projet des Jeunes Citoyens Supporters, lancé en 2003 par le club, s’est subitement arrêté en raison de la pandémie de Covid-19. Depuis l’arrivée de Red Bird et la création du « Toulouse Football Cœur », l’initiative est à l’heure actuelle toujours en suspens. La dernière réunion entre les dirigeants et les associations de supporters, au début du mois, a relancé le débat : des discussions seraient en cours pour prendre le relais.
Quel est le meilleur souvenir que tu gardes du projet ?
Tout le monde va s’attendre à ce que je dise la visite privée du stade ou le passage en tribune de presse, mais j’ai un truc bien plus simple. C’était pendant le projet JCS, un match où le TFC explose Bordeaux après avoir enchaîné les mauvaises parties : c’était la première fois que je voyais Toulouse s’imposer avec autant de marge (le 12/03/2016, victoire des Violets 4-0 grâce à un doublé de Ben Yedder et des buts de Braithwaite et Trejo).
Comment as-tu vécu les deux années en Ligue 2 et la folle remontée ?
Après les JCS, je suis rentré au lycée et j’ai commencé à moins suivre le football. En parallèle des résultats catastrophiques du TFC, j’aimais suivre les championnats européens, mais j’ai eu une espèce de ras-le-bol général. Avec Toulouse, le fait de prendre raclée sur raclée en Ligue 1 (saison 2019/20) était dur à encaisser, mais ce n’était pas le pire. Le problème majeur, c’était plutôt la direction qui n’écoutait pas : elle ne suivait pas et rien n’allait. C’était une période difficile et j’ai lâché prise. Pendant les deux saisons en Ligue 2, je suivais tout ça de loin : je regardais de temps en temps les scores, et je m’intéressais quand même aux transferts. Je n’avais plus la volonté de m’engager comme j’avais pu le faire, j’avais aussi envie de me consacrer à autre chose.
Après tant d’attente, qu’est ce qui t’a poussé à revenir au Stadium ?
C’est une sortie avec un ami qui m’a permis de remettre les pieds au stade, à l’occasion de TFC-Strasbourg (le 23/10/2022, score final de 2-2). Un peu avant, je m’étais remis à suivre plus assidument le TFC et la Ligue 1. Rien que le fait d’avoir un vrai projet et d’observer des choses jamais tentées auparavant, j’ai tout de suite trouvé cela plus attrayant.
Que penses-tu de la situation actuelle du club ?
Le club est sur une bonne lancée, avec une équipe qui tient vraiment la route : elle est portée par notre milieu de feu et la patte magique de Branco. On est remontés, on fait de belles performances, mais ne nous relâchons pas. Aucun joueur n’est irremplaçable, cependant, perdre nos trois milieux titulaires à la fin de la saison me fait très peur. Malgré un mercato intéressant qui nous a permis de combler nos faiblesses, surtout défensives, le milieu de terrain reste pour moi l’endroit à blinder : c’est le transfert entre l’attaque et la défense.
J’aime bien le style de jeu proposé par notre équipe. On l’a vu à Paris et contre Marseille, certains viennent pour mettre le bus, tandis que d’autres, comme Toulouse, essayent de proposer quelque chose : c’est vraiment dommage d’avoir perdu ces deux matchs. Les transmissions et les contres font que notre style est vraiment agréable à regarder, ce qui n’était pas le cas avant ! On revient de tellement loin…
Dans l’effectif actuel, quel joueur est ton chouchou ?
J’aime bien Thijs Dallinga pour plusieurs raisons. C’est un joueur en constante progression, qui a eu un peu de mal à se mettre au niveau de la Ligue 1 avant d’en arriver là. Je le trouve aussi très complet : il sait marquer des buts et donner des solutions à ses partenaires, tout en faisant avancer le jeu. Dans sa façon de jouer, je vois un peu en lui l’altruisme d’un Antoine Griezmann, il ne se repose pas sur ses acquis. Malgré tout, le turn-over à son poste d’avant-centre reste bénéfique pour lui.
Un dernier pronostic sur la fin de saison, pour conclure ?
Je vois bien le Tef tâter le top 10 du championnat : on est en mesure de finir peut-être 8ème, 9ème voire 10ème . Avec ce qu’ils ont proposé jusqu’à présent, je les vois se maintenir largement. Certains diront que la défaite au Vélodrome (1-6) était une catastrophe, mais nos Violets ont su rebondir rapidement en Coupe de France et en Ligue 1. Aujourd’hui, on est aux portes de la première moitié de tableau, à quelques points d’une grosse écurie comme Lyon (même s’ils sont en crise). En tant que promu et « outsider », le TFC a encore beaucoup de choses à montrer et à prouver.