Lens 3-0 TFC : Une petite correction dans un temple du foot, j’y étais pour vous !
En ce beau vendredi presque estival de pré-week-end de la Toussaint, une petite escapade footballistique et culturelle s’imposait. Nos Toulousains avaient un rendez-vous important en terres lensoises, alors dès le milieu d’après-midi (merci le télétravail) direction le Pas-de-Calais et sa sous-préfecture, ses briques rouges, ses anciennes mines, et surtout son mythique stade Bollaert !
Par Antoine Pons,
Lens, sans transition : à peine arrivés dans le centre-ville, l’immersion et la découverte sont totales. Les quelques rues tranquilles jalonnées de jolies bâtisses rappelant la Belgique (et d’un certain nombre de voitures tunées) égrènent çà et là des terrasses de café et de bars déjà entièrement sang et or. Maillots et écharpes sont de sortie, et les discussions s’animent. D’emblée, on est saisi : cette ville vit pour le foot. Groupes d’amis, couples, familles avec grands-parents et petits enfants, ici tout le monde est concerné.
Le temps d’avaler une gaufre maison et de boire un café, on croise quelques supporters toulousains, attablés avec leurs homologues lensois. Perpignan, Narbonne, Montauban… il n’y a pas que des Toulousains pure souche qui sont venus supporter les violets et ça fait plaisir ! On nous dit 2-2, pronostic optimiste et ambitieux, mais on prend.
18h : alors que la température commence tout juste à légèrement chuter (il faut bien avouer qu’on n’aurait jamais cru avoir aussi chaud fin octobre dans le Nord), un arrêt à la boutique officielle du club s’impose. Quel monde ! Tout y passe : mugs, trousses, sacs, stylos… la fierté lensoise s’affiche partout. Et plus encore dans le bar de l’avenue menant au stade, le bien nommé « La 3ème Mi-Temps ». En se frayant un chemin jusqu’au zinc pour commander une Jupiler, on peut sentir la ferveur monter. Les patrons nous indiquent une terrasse improvisée à l’arrière de l’établissement dans un garage/parking en plein air. Nous voilà au milieu de dizaines de tuniques locales, accueillis il faut le souligner de manière extrêmement chaleureuse. La confiance est au rendez-vous, personne ne voit les Sang et Or ne pas prendre les trois points ce soir, et au vu de la force et de la confiance dégagée par l’équipe depuis le début de saison, on les comprend.
En une heure de conversation avec eux, on connaît tout : les meilleures places du stade, le meilleur moment pour aller y commander des frites, l’heure exacte du début des mythiques Corons, les anecdotes de la rivalité avec Lille, l’histoire de chacun et chacune et comment supporter le RC Lens, quand on vit ou que l’on vient d’ici, s’impose comme une évidence. Un moment hors du temps, unique.
Enfin l’heure du match ! Barquette de frites à la main pour faire local jusqu’au bout, on s’installe en tribune latérale, en face du kop lensois. Le parcage toulousain a fière allure, surtout pour un match aussi loin un vendredi soir, bravo à eux.
Coup d’envoi ! Sans surprise, les 25 premières minutes sont à l’avantage des protégés de Franck Haise. Les Toulousains ne voient pas le ballon et ont clairement chaud sur quelques situations mal négociées par Fofana et consorts, notamment sur ce contre de la 11ème minute qui doit finir au fond. Sur quelques opportunités, nos Violets font tout de même passer des frissons dans les travées de Bollaert : Aboukhal à la 20ème et Dejaegere à la 30ème sont en position de marquer, mais les défenseurs lensois, et notamment un Machado impressionnant (qu’on salue et qu’on est heureux de voir à ce niveau) sauvent les meubles. Rouault, impeccable jusque-là, est KO dans la surface adverse. Plus de peur que de mal, le Pitchoun reprend sa place après quelques minutes. La première période se finit sur un sentiment de flottement général : les Lensois perdent plus vite le ballon, et les Toulousains reprennent du poil de la bête. On voit enfin notre milieu à l’action, Aboukhal multiplie les courses, et Dallinga est à deux doigts de reprendre un centre devant Samba, mais manque de conviction.
Mi-temps : on s’en sort plutôt bien avec ce 0-0, la défense tient bon, Spierings et Aboukhal sont au four et au moulin. Point noir : VDB et Bibiche sont assez neutres et manquent d’impact, tout comme Dallinga, qui malgré quelques remises bien senties, n’existe pas entre Danso, Haïdara et Gradit. Chaïbi est très décevant, mais c’est vrai qu’il nous avait trop bien habitué dernièrement. Côté adverse, on notera la bonne première mi-temps d’un autre ex-toulousain, Wesley Saïd, très en cannes. Lens nous est supérieur, mais rien n’est joué.
À peine le temps de souffler que le stade se lève comme un seul homme, écharpes en l’air, pour entonner Les Corons, chant mythique valant à lui seul le déplacement. Alors que les joueurs reviennent sur la pelouse, impossible de ne pas avoir des frissons à l’écoute et à la vue de ce peuple uni derrière son équipe et son histoire.
C’est reparti ! Lens remet le pied sur le ballon d’entrée, et Toulouse s’arque boute à nouveau en défense. Pereira da Costa mystifie Spierings dans la surface, penalty. Fofana s’élance, mais Dupé sort le grand jeu ! Encore un penalty repoussé, un exercice dans lequel il commence à devenir à l’aise. Mais ça n’est que partie remise, car nos joueurs manquent toujours autant d’impact physique et de liant pour vraiment faire autre chose que subir le match… Openda, sorti du banc, reprend de la tête un délicieux centre de Sotoca, lui aussi entré en jeu, et ouvre (enfin) le score. C’est mérité. Tout est parti d’une perte de balle de Desler, en difficulté ce soir comme depuis plusieurs matchs, et qui commence à être usé.
Le Tèf essaie de réagir, mais c’est bien maigre : personne ne reprend les coups de pied arrêtés de VDB, Chaïbi et Dallinga touchent toujours aussi peu de ballons ou les perdent de suite, Aboukhal a disparu de la circulation… aucune frappe cadrée pour nos Violets, et pas d’occasion vraiment nette, si ce n’est cette tête complètement ratée de Diarra oublié un instant dans la surface.
Onaiwu, Birmancevic et Begraoui font successivement leur entrée, un banc encore et toujours problématique pour bien figurer en L1, mais rien de nouveau. Si le Serbe se bat et semble réellement avoir un potentiel intéressant, les deux autres entrants n’apportent strictement rien. Leur rendement souligne l’écart terrible avec le banc de nos homologues nordistes.
Dans les dix dernières minutes, Toulouse lâche complètement. Spierings perd un nouveau duel et Rouault laisse assez inexplicablement Openda lui passer devant pour inscrire le 2-0. Si même lui commence à flancher, c’est toute la fondation violette qui chancelle sérieusement. Openda, encore lui, ira marquer un troisième but dans les arrêts de jeu sur une action rapide. Passe en profondeur, frappe croisée à ras de terre entre les jambes de Diarra, dernier défenseur sur le coup, petit filet. Emballé c’est pesé, pas de discussion à avoir, c’est sans appel. Les Lensois peuvent bien célébrer devant leur fantastique public.
En résumé, on a vraiment senti la différence de niveau entre les deux formations. Une classe d’écart au moins. Nos Violets ont paru bien empruntés, tendus, et surtout inoffensifs face à l’impressionnant rouleau compresseur lensois. Rien de honteux à perdre à Bollaert, c’est même plutôt dans l’ordre des choses, mais il y a encore du travail pour pouvoir rivaliser à la fois dans la technique et dans l’intensité avec les équipes de la première partie de tableau.
À ce niveau, notre milieu - qu’on adore toujours - n’est pas assez musclé et dynamique, et notre attaque pas assez dangereuse et tueuse. La défense est friable, mais on le savait déjà. Autant de points à travailler d’ici les prochaines semaines (en plus d’un bon mercato d’hiver ?) pour continuer à engranger des points et s’assurer un maintien facile.
Dès dimanche prochain, il va falloir repartir au charbon. Pas de nouveau trajets à Lens ni de Corons, non, mais la réception de Monaco au Stadium. Il faudra montrer plus pour gagner des points. Le Tèf en est-il capable ? Certainement, du moins on a envie de le croire. Alors tous au Stadium pour finir les vacances de la Toussaint en beauté ! Et merci Lens pour ce moment et cet accueil.